Un socle commun pour les médiateurs institutionnels

Prise de parole de Myriam BACQUÉ à l'occasion des débats organisés par l'AMCT à Marseille les 11 et 12 octobre 2023.

· MÉDIATION,FORMATION À LA MÉDIATION

Vous ne serez pas étonnés si je débute mon intervention en questionnant ce socle commun pour les médiateurs institutionnels autour du thème de la formation.

En tant que médiatrice dite généraliste investie dans la qualité du service rendu aux personnes qui nous
font confiance pour les accompagner dans la résolution de leur problématique, je suis persuadée que la formation constitue la pierre angulaire d’un socle commun de compétences des médiateurs qu’ils soient institutionnels, judiciaires ou conventionnels. 

Je crois que nous sommes nombreux ici et, en tant que membre du CNM, j’y suis particulièrement attachée, à considérer qu’il nous appartient aujourd’hui de rassembler les médiateurs quelle que soit leur forme d’exercice de la médiation plutôt qu’à nous diviser et à nous comparer entre médiateurs entre celui qui serait plus médiateur dans sa posture et sa pratique que les médiateurs civils et commerciaux.

À ce titre, je considère que la formation est le premier socle, le premier ciment nécessaire pour les
médiateurs et nous l’avons vécu avec l’AMCT quand vous avez fait confiance à la MAISON DE LA COMMUNICATION de La Rochelle pour former un premier groupe de médiateurs territoriaux avec le CEMA et l’Université de La Rochelle. 

De mon point de vue, ce socle commun qu’il nous appartient de définir en France en matière de formation est indispensable à un double titre :

  • d’abord pour apporter toutes les garanties de sécurité et de bon déroulement, aux personnes et aux organisations qui font appel à la médiation institutionnelle,
  • ensuite, pour assurer le partage d’une culture de paix et d’une éthique communes quant à la posture du tiers.

Les médiateurs institutionnels vivent une configuration en médiation particulièrement complexe que je rencontre couramment en médiation administrative, c’est celle du déséquilibre entre les parties :

  • Comment rééquilibrer le dialogue,
  • Assurer un traitement égalitaire,
  • Prendre en compte la fragilité d’une des parties tout en conservant une égalité de
    traitement et une équidistance de tiers.
  • Comment être autant avec l’un qu’avec l’autre ?
  • Comment conserver son indépendance et son impartialité entre l’administration et
    l’usager ?

De mon point de vue, cela s’apprend et il me semble dangereux de penser que d’aucun pourrait s’improviser médiateur institutionnel, comme médiateur généraliste d’ailleurs

 

Pour moi, personne ne nait médiateur ! 

 

Nous le devenons avec certes des prédispositions et des qualités intrinsèques pour certains, mais, ce qui serait dangereux, ce serait de croire que telle ou telle profession prédispose à devenir médiateur institutionnel ou qu’un médiateur institutionnel finalement n’aurait pas besoin de se former puisqu’il
exerce dans une collectivité ou dans une administration qu’il connait bien pour y avoir tous les codes de communication et la fine connaissance des rouages institutionnels.

Etre médiateur, c’est d’abord un état d’esprit, un état d’être, la conviction que du dialogue, de la rencontre, de l’échange pourra naître un nouveau regard et une nouvelle relation. C’est d’autant plus important de se former que nous avons tous des travers ou des faux-plis qu’il va nous falloir déconstruire dans notre écoute et nos capacités à accueillir le conflit ou le litige sans a priori ou réponses toutes faites.

Avec des années d’expérience en formation, je suis favorable à ce que les médiateurs se forment ensemble selon un référentiel commun de compétences quelles que soient nos modalités d’exercice par la suite et de façon mixte, c’est-à-dire avec des formations qui mélangeraient les publics pour l’apprentissage de ce tronc commun.

Pour les spécificités des médiateurs institutionnels qui existent, bien entendu, notamment la question du rapport qui doit être transmis à l’assemblée délibérante ou à l’institution qui vous a mandatés, je considère que la meilleure des formations relèvent d’un échange des pratiques entre pairs, notamment par des séances de co-développement.