Comment sortir du triangle de Karpman en médiation ?

Langis GALLANT

Comment sortir du triangle dramatique en médiation ?

Très souvent en début de médiation, nous assistons à une démonstration du triangle dramatique. Chacun commence à raconter son histoire en lien avec sa souffrance, ses colères : “Je suis la victime.” “Tu es l’agresseur, le fautif, le problème. ».

Ce genre de récit souvent accusateur, simplifie la situation, fige les rôles (victime/coupable) et empêche souvent la reconnaissance de sa propre part de responsabilité dans ce qui est vécu.

En médiation, grâce à l’écoute active du médiateur , à ses reformulations, aux questions ouvertes et à l’échange, on invite peu à peu les médiés à changer de perception par rapport à ce qu’ils vivent.
Ils passent au bout d’un certain temps, d’un discours centré sur la victimisation ou sur la faute de l’autre à des échanges centrés sur une dynamique relationnelle.

Par exemple :
Au lieu de dire “C’est lui (toi) qui commence toujours la guerre”,
on arrive parfois à se dire ou à dire, “Nous avons vraiment du mal à communiquer.
On assiste donc au niveau cognitif au passage d’un message «il ou tu accusateur » à un message « nous ».
Un message « nous intérieur du genre :
“Nous avons vraiment du mal à entendre »
« Nous avons un problème ».
« Comment avons-nous pu en arriver là ? »

Ces messages « nous » (changement de position) ont immédiatement des effets positifs sur les échanges entre médiés =
1 – je ne m’identifie plus comme une victime . je deviens acteurs de la situation et donc aussi de la solution.
2- Ma vision de l’autre n’est plus le même, il n’est plus une menace, et peut même devenir un partenaire possible dans la résolution du problème.
3- La réalité n’est plus la même,. Il n’y a plus de « bon » ou de “mauvais”, mais deux personnes qui se sont perdus dans une situation qui n’auraient pas dû se détériorer si rapidement.
4- En sortant du champ de la plainte ou de l’accusation, on peut enfin entrer dans celui de l’expression de ses émotions et de ses besoins et enfin envisager la co-construction de solutions…

Devant cette nouvelle réalité souvent accompagnée d’une baisse de température émotionnelle, le travail de médiation prend une nouvelle direction qui permet d’échanger plus sereinement.
Toutefois, il faut faire preuve de vigilance car les habitudes de communication du triangle dramatique sont parfois coriaces et ont tendance à revenir au premier plan assez rapidement.